Changement systémique
Chiffres et faits qui illustrent l’expérience des femmes en politique et souligne le besoin de changement
Le défi
Malgré le fait que certaines femmes aient obtenu le droit de vote et de participer à la vie politique il y a plus d’un siècle, les femmes sont encore sous-représentées dans les assemblées législatives, tant au Canada qu’à l’échelle mondiale. Bien qu’il y ait des écarts importants entre les administrations et les ordres de gouvernement au Canada, en octobre 2019, le Canada se classait au 54e rang de l’Union Interparlementaire (UIP) en ce qui a trait aux femmes en politique.
Au niveau international
- 6,6 % des chefs d’État du monde sont des femmes
- 19,7 % des présidents parlementaires sont des femmes
- 50 % de la population mondiale sont des femmes, mais celles-ci ne représentent que 24,3 % des élus dans les parlements nationaux
- Seulement 3 pays ont 50 % ou plus de femmes au Parlement
- Il y a 27 pays où les femmes représentent moins de 10 % des parlementaires.
Province ou territoire | Femmes | Hommes | Total | p. cent femmes |
---|---|---|---|---|
Fédéral | 98 | 240 | 338 | 28,9 % |
Colombie Britannique | 34 | 53 | 87 | 39 % |
Alberta | 26 | 61 | 87 | 29,8 % |
Saskatchewan | 16 | 45 | 61 | 26,2 % |
Manitoba | 16 | 41 | 57 | 28 % |
Ontario | 49 | 75 | 124 | 39,5 % |
Québec | 54 | 71 | 125 | 43,2 % |
Nouveau Brunswick | 11 | 38 | 49 | 22,4 % |
Nouvelle Écosse | 17 | 34 | 51 | 33,3 % |
Îsle du Prince Édouard | 7 | 20 | 27 | 25,9 % |
Terre Neuve et Labrador | 10 | 30 | 40 | 25% |
Yukon | 7 | 12 | 19 | 36,8 % |
Territiores du Nord Ouest | 2 | 11 | 13 | 10,5 % |
Nunavut | 6 | 16 | 22 | 27,2 % |
Pourquoi avons-nous besoin de plus de femmes en politique ?
Pour que les assemblées législatives soient représentatives de la population canadienne, il est important de faire connaître les opinions, les expériences et les préoccupations des femmes. Les 35 années de travail du National Democratic Institute dans plus de 100 pays ont permis de constater que les femmes sont plus susceptibles de travailler au-delà des lignes de parti, d’être sensibles aux préoccupations des électeurs et d’accorder la priorité à la santé, l’éducation et d’autres questions clés de développement. Bien que les données soient limitées, d’autres résultats clés d’études menées dans le monde comprennent ces faits :
Régler les problèmes
Croissance GDP
Conférer la confiance
Santé
Réaliser
Les défis auxquels font face les femmes leaders
Le harcèlement a été fréquemment mentionné tout au long de la recherche comme obstacle à la participation et au maintien des femmes en politique. L’oppression fondée sur le genre dissuade les femmes de se présenter en politique et peut les amener à hésiter à participer pleinement au processus politique.
Le harcèlement sur les réseaux sociaux et en ligne constitue un obstacle important particulièrement pour les femmes, et également un facteur de dissuasion encore plus grand pour les personnes appartenant à des groupes marginalisés. La présence d’intimidation et de harcèlement en ligne dissuade les femmes d’envisager de se porter candidates, tandis que le harcèlement en ligne peut inciter les femmes à cesser de participer à la vie politique. Le harcèlement sur les médias sociaux oblige également les femmes à s’autocensurer et à se retirer de l’espace public, ce qui les désavantage.
Selon le sondage de l’UIP sur la violence faite aux femmes en politique, plus de 80 % des répondantes ont été victimes d’une forme quelconque de violence psychologique pendant leur mandat, tandis que 20 % ont indiqué avoir été victimes de violence physique.
Le Comité permanent de la condition féminine du Canada a entendu des témoins dire qu’ « […] environ un Canadien sur cinq a des points de vue explicitement sexistes, et que l’on retrouve davantage ce trait chez les hommes et les personnes âgées que chez les femmes. […] Les personnes ayant des opinions explicitement sexistes auraient tendance à juger les candidats par leur prénom et donc à percevoir les candidates comme étant moins compétentes, moins intelligentes, moins aimables ou moins chaleureuses que leurs homologues masculins. »
La couverture médiatique joue un rôle dans ces stéréotypes, notamment en mettant l’accent sur l’apparence des figures politiques féminines, en mentionnant les femmes par leur prénom et en posant des questions spécifiquement sur la façon dont elles concilieront les attentes familiales et la politique.
Une étude menée par Name it Change it : Women’s Media Centre [22] a observé des effets néfastes sur les candidates lorsque leur apparence était mentionnée (commentaires neutres, positifs ou négatifs sur l’apparence), alors que les opposants de sexe masculin n’étaient pas du tout touchés par de tels commentaires.
La couverture médiatique des femmes politiques, ainsi que leur équilibre travail-famille est un fil conducteur dans les reportages qui précèdent les élections. « On interroge souvent les femmes sur leur façon de concilier travail et vie personnelle, ce qui nourrit le préjugé selon lequel les femmes sont les principales apporteuses de soins, alors que les hommes en politique se voient rarement poser ce genre de questions. » [traduction] « Le sexisme se manifeste de plusieurs façons, notamment en étant discréditée et ignorée, en étant évaluée selon des normes différentes quant à leur apparence et en s’attendant à ce que les femmes se conforment aux stéréotypes traditionnels sur la façon dont les femmes devraient paraître ou se comporter. »
Les femmes interrogées dans le cadre du sondage d’À Voix Égales ont également déclaré que la couverture médiatique sexiste, le sexisme au sein des assemblées législatives et la dévalorisation étaient au 2e rang des types de violence les plus fréquents chez une plus grande proportion de femmes que d’hommes.
Les femmes en politique peuvent avoir une expérience de la politique différente de celle des hommes, particulièrement en ce qui concerne le décorum législatif, les règles parlementaires et les procédures. En effet, les procédures des assemblées législatives peuvent permettre aux femmes de se faire attaquer verbalement directement ou indirectement, et peuvent donner par inadvertance aux hommes le pouvoir, ainsi que plus du temps afin de s’exprimer.
Faire une référence directe au genre peut encourager la lutte contre les stéréotypes et rabaisser les femmes parlementaires.
Le Centre Samara pour la démocratie a sondé directement les députés au sujet du chahut et a constaté que « 67 % des femmes députées ont indiqué avoir été victimes de chahut sexiste, comparativement à seulement 20 % chez les hommes. Les femmes ayant répondu à ce sondage ont indiqué que le chahut sexiste nuisait à leur rendement et les décourageait de prendre part aux débats. »
Certains politiciens ont déclaré que l’un des plus grands obstacles à un bon rendement dans leur rôle était la culture politique acceptée au sein de l’assemblée législative. « L’absence totale d’application des règles de décorum à la Chambre permet des abus, du chahut et plus encore », a déclaré un représentant élu du Manitoba. Un autre a dit que les [traduction] « procédures législatives archaïques » avaient une incidence sur son rendement.
Des mesures préventives, comme des séminaires de formation sur la sensibilisation à l’égalité des genres, tel que proposé dans le Plan d’action pour des parlements sensibles au genre de l’UIP [27] ainsi qu’une formation sur les préjugés inconscients, mentionnée dans l’Audit sur la sensibilité du Parlement britannique au genre de 2018 [28], sont des solutions suggérées. Une meilleure compréhension de ce qui est acceptable et de ce qui ne l’est pas, ainsi qu’une ligne directrice sur le langage sensible au genre devraient également être obligatoires. Par conséquent, une mesure punitive de la part du président pourrait tenir les députés responsables des propos insensibles et sexistes.
Le Plan d’action de l’Union Interparlementaire pour des parlements sensibles au genre prévoit des mesures visant à accroître la représentation des femmes afin qu’elles soitent « en adéquation avec la proportion des femmes dans la société ». [32] Dans le plan d’action pour accroître la représentation des femmes, il est déclaré que les parlements doivent prendre les mesures suivantes : « dédoublement, si possible, des fonctions de direction des structures parlementaires, avec la désignation d’une femme, et d’un homme, et l’établissement d’un roulement entre hommes et femmes dans l’encadrement du Parlement, sur une période à définir. » [33] Par exemple, au Canada, le président a un pouvoir important à l’assemblée législative et il n’y a eu qu’une seule femme présidente à la Chambre des communes, et très peu dans l’histoire des assemblées législatives provinciales.
Entre 2016 et 2019, seulement 6 des 30 comités de la Chambre des communes (dont 3 comités mixtes) étaient présidés par des femmes :
– Condition féminine Canada, le Comité spécial sur l’équité salariale, le Comité permanent du patrimoine canadien, le Comité permanent des transports, de l’infrastructure et des collectivités, le Comité de liaison et le Comité permanent de l’environnement et du développement durable. Dans 14 des 30 comités, le président et les deux vice-présidents étaient des hommes. [36]
Dans presque toutes les provinces, les femmes sont nettement sous- représentées dans les comités qui s’occupent du Règlement ou du Règlement de la Chambre. Or, ce sont ces comités qui régissent les pratiques des assemblées.
Les politiciens interviewés dans le cadre de l’étude d’À Voix Égales ont parlé de l’importance des calendriers prévisibles, des horaires condensés et de l’infrastructure familiale au sein des assemblées législatives. Les recommandations de l’UIP concernant les parlements sensibles à l’égalité des genres indiquent que les parlements devraient « revoir les horaires des séances (par exemple, raccourcir les semaines, ouvrir les séances tôt, éviter les votes en fin de journée et aligner les sessions sur le calendrier scolaire) de façon à ce que les parlementaires puissent regagner leur circonscription et passer davantage de temps avec leur famille. »
Étant donné que les femmes assument encore souvent le rôle principal d’apporteuses de soins, le manque de prévisibilité et de connaissances avancées de l’emplacement et des activités font en sorte qu’il est difficile d’obtenir des services de garde d’enfants. Sans une installation sur place pour s’occuper des enfants d’un membre après les heures de travail ou sans une certaine flexibilité lorsque ces installations ont des limites d’âge pour les enfants, il est difficile de concilier famille et travail pour beaucoup de membres.
L’UIP suggère des salles et des espaces familiaux dans les bâtiments afin d’offrir plus de temps aux familles, à l’allaitement et aux services de garde. La Chambre des communes et l’Assemblée législative de l’Alberta, par exemple, offrent une salle familiale, de même que le temps et l’espace nécessaires pour tirer le lait maternel.
Le fait de permettre la présence des nourrissons à la Chambre pour les soins et l’allaitement, ainsi que des congés parentaux, ouvrirait la porte à un plus grand nombre de participants en politique. Ceux qui fondent une famille peuvent considérer que les assemblées législatives sont plus accessibles, ce qui permettrait une plus grande diversité au sein des Chambres.
Télécommunication et vote par procuration
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Inclus des références, les recommendations d’À voix égales et la déclaration d’impact
- Date de parution: février 2020
- Pages : 23
- File Format: PDF
- Taille: 2.9Mo